Libélune déroula
le
parchemin : innocente ! Pas tant que ça ! Dans la forêt, elle y est
restée un peu...longtemps et elle n'a pas eu peur de l'homme,
c'était un homme mais elle savait qu'il était moine ! Moine d'où
elle venait ça laissait peu de chances de vivre. Mais il vivait dans
une sorte de grotte, son monastère avait été détruit, il avait
chargé une mule des manuscrits les plus précieux, abîmés.
Libélune s'était écroulée pas loin, il l'avait trouvé : une
femme mais jeune tout de même ! Il l'avait traînée, veillée, elle
s'était réveillée. Il l'avait nourrie, lui avait donné à boire,
ils s'étaient habitués l'un à l'autre, elle avait tenu le ménage,
un jour il l'avait trouvé penchée sur un manuscrit, elle avait levé
le bras. Non elle ne serait pas punie, qui sait...il se savait vieux,
il ne connaissait pas son âge mais il était vieux. Elle regardait
les enluminures comme fascinée. Il avait réfléchi, avait fouillé
dans un sac en cuir : un couvent où il avait trouvé refuge, une
religieuse, au fond jeune aussi, un peu comme cette petite, elle
brodait ! Une nuit il avait entendu le galop des chevaux, s'était
levé, avait été jusqu'aux chambres de religieuses, avait donné
l'alerte : ne s'étaient pas réveillées, il n'avait pas osé ouvrir
la porte du dortoir, il avait pris ses sacs et dans un sac de cuir
mis l'attirail de la brodeuse - il ne savait pas pourquoi ! -
MAINTENANT IL SAVAIT ! Il l'ouvrit, Libélune regarda, et appris
vite, parfois il l'entendait rire : elle brodait, il lui appris à
lire, elle apprenait vite. Cette fois-ci il n'y eut pas de chevaux,
mais si fatigué, elle le trouva endormi pour toujours, elle le lava,
lui ferma les yeux et le laissa "à la grâce de Dieu" prit
ses trésors, et trouva le chemin de la cathédrale et la maison avec
les morts et une croix rouge sur la porte. Elle effaça la croix, et
porta elle-même les morts jusque dans un puits où elle les jeta,
sur le puits elle traça une croix rouge, nettoya la maison et jeta
des herbes et en fit brûler dans la cheminée. C'était bien les
tailleurs de pierre au départ eurent peur qu'elle ait attrapée la
maladie ! Puis ils s'habituèrent, elle fit la cuisine, rendit des
services, et pu copier.
L'homme
chevauchant l'oiseau était terminé, il fallait, elle ferma les yeux
se rappela, pensa au moine : "Dieu n'a rien créé qui soit
insensible", et pensa-t-elle ce qu'elle brodait vivait pour Lui
mais plus encore espérait-elle pour sa mère ! Cette fois-ci ce sera
un dragon rouge, rouge comme le sang de sa mère, et l'autre serait
vert comme la robe de sa mère. Le muet était de retour, il avait
regardé, content l'homme et l'oiseau et maintenant il entendait sans
qu'elle parle, et elle aussi. Personne ne savait, ils n'en parlaient
pas et puis les hommes se préoccupaient peu d'eux, des idiots mais
Libélune avait son utilité faire à manger et il reconnaissait la
force des sculptures du muet. "Je sais qu'elle portait une robe
verte et quand l'heure sera venue je porterai, moi aussi, une robe
verte ! Il hocha la tête : "oui beauté, jeunesse et vigueur,
c'est tout ce qu'elle avait et probablement sa mère aussi" -
Cette nuit je ne crois pas que ce soit en brodant
ou en écrivant Libélune reproche à sa mère de l'avoir sauvée
tout en l'abandonnant ! Non la couleur verte signifie la vie pas la
mort, le vert au printemps qui renaît, le vert que je vois devant
mes yeux les oliviers, des verts différents : VERT RENOUVEAU !
- Et comment
sauras-tu que l'heure est venue ?
Elle le regarda
droit dans les yeux :
- Quand il fera de
moi sa femme !
Il sourit, elle
savait lui aussi, sans paroles mais elle avait appris à lire sur ses
lèvres ! Le silence sauveur pour lui, tailler la pierre pour ne pas
se servir de ses mains - puissantes - pour détruire ! Il cacha ses
mains derrière son dos.
Elle songea et moi
sans la broderie je mettrais ma robe verbe et grimperait jusqu'à la
lune.