mercredi 8 juin 2016

D'où vient Libelune

D'où vient Libelune
En ce temps là, à l'époque de ce qu'on a appelé le bas Moyen Age, le Moyen Age tout noir ! Il y avait des bandes affamées, destructrices et même les châteaux forts - je me souviens du beau château-fort acheté à mon fils probablement parce que j'avais toujours rêvé en posséder un ! - n'étaient pas à l'abri. Ils fondirent un matin alors que tous dormaient, les gardes n'auraient pas dû mais voilà ils dormaient, ils avaient un peu trop bu la veille, on fêtait la naissance de la petite Libelune ! Sa mère qui n'exigeait jamais rien avait voulu qu'on l'appelle comme ça, parce qu'elle était née alors que si mince et si frêle croissant de lune apparaissait dans le ciel ! Elle était dehors, regardait, pleura non pas parce que les douleurs commençaient mais parce qu'elle entendit les chevaux, les a-t-elle vraiment entendus ? Peut-être pas, mais elle avait des visions disait-on. Elle rentra, ses femmes arrivèrent, elle dit : "l'enfant s'appellera Libelune", personne ne discuta ! Pas même son Seigneur et Époux, il est vrai qu'il fut sans doute un peu déçu mais n'en laissa rien paraître ! C'était le premier, le second serait sans doute un garçon : "Nous l'appellerons Libelune Mamie si c'est ce que vous souhaitez". Après tout elle lui avait amené bien des terres". Elle sourit et remercia gracieusement, s'ils avaient eu plus de temps, il se serait aperçu qu'elle n'était pas aussi douce et docile qu'il ne le pensait ! Mais leurs heures étaient comptées, seulement ils l'ignoraient, bienheureuse ignorance ! Les hommes étaient si ivres que beaucoup moururent sans bien se rendre compte et les femmes si fatiguées, la jeune mère le vit, elle prit l'enfant et le lui tendit, il le prit puis reprenant ses esprits d'un coup de lance bien ajusté...Mais il fit grâce à l'enfant.
Libelune fut nourrie par une servante, elle n'était guère plus qu'un animal pour eux. Quand on lui demanda comment il fallait l'appeler il répondit : "elle a dit : Libelune". Elle s'éleva seule, jouait peu avec les enfants et fuyait femmes et hommes. La nuit, elle se glissait dehors, ils vivaient entassés dans de vastes tentes, et elle regardait la lune, elle savait que sa mère y était et qu'un jour elle la rejoindrait. Elle mangeait peu, buvait peu mais avait grand appétit de vie !   elle n'était guère plus qu'un animal pour eux.  Lorsqu'un des guerriers s'aperçut que c'était une fille et bien jolie, il la coucha sur l'herbe, elle se débattit, courut vers le chef et le montrant du doigt, demanda vengeance. Ce fut accordé. Plus personne ne l'approcha, mais d'autres vinrent et les tuèrent : tous sauf les femmes qu'ils emmenèrent, ! Le soir elle se sauva, insignifiante, personne ne fit attention, elle vécut dans la forêt puis se retrouva à proximité de cette cathédrale en construction, elle aima les sculptures, immédiatement, pour se nourrir, elle fit la cuisine et lorsqu'un tailleur s'approcha de trop près elle retroussa les lèvres, il eut peur : "on aurait dit une louve". Elle tenait de sa mère !
Un jour arriva le muet, on disait qu'il était muet parce qu'il ne parlait pas. Mais après tout peut-être que simplement il ne voulait pas parler. Il taillait merveilleusement bien, il aimait trouver des endroits presque secrets. Lui aussi vivait à l'écart et ne se mêlait pas aux autres qui pourtant ne lui en voulaient plus et on ne savait pas pourquoi. Un jour, il frappa, elle ouvrit, il tendit sur la main une petite statuette, et c'était elle, et elle tenait la lune du bout des doigts, ou bien la lune était posée sur sa main comme un papillon pouvait le faire. Elle sourit, et ouvrit la porte plus grandement. Elle avait fait un feu, et y avait mis des pommes à cuire sous la cendre, elle ajouta une assiette et un bol, il y avait déjà le pichet d'eau. Il s'assit et mangèrent en silence. Elle débarrassa, il ne l'aida pas, il la regardait. Sourit et dessina un oiseau avec le garçon. "Pour moi" ? de ses lèvres serrées jaillit un oui ! Elle alla vers le coffre, choisit un tissu, et refit le dessin, il sourit, se leva, alla vers la porte, se retourna, fit un geste de la main, ouvrit et referma. Elle attendit un moment, sortit : le mince croissante de lune brillait, elle songea à sa mère, chuchota ou entendit chuchoter : Libelune.
Elle ne pouvait pas dormir, elle alluma une chandelle, se tint tout près et commença à broder.

10 commentaires:

  1. "L’histoire de Libélune ne se poursuit pas : elle commence….. un peu dramatiquement pour mon goût mais il convient de savoir vraiment d’où elle vient, c’est plus logique ! J’attends la suite, mais je me suis demandé si la broderie avait un rapport avec le récit, c’est peut-être la broderie faite par Libélune ? Je trouve de la tendresse dans le geste du personnage central et le regard vers lui de l’animal qu’il caresse, j’y vois un échange touchant." Liliane

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  2. Libélune a commencé à broder depuis les 3 dernières broderies, mais tout d'un coup j'ai en envie de dire d'où elle venait !

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  3. "Suis allée voir ton blog, curieuse.Tu es très inspirée !!!
    Très joli oiseau à 3 pattes, j'adore sa… robe. Mais qui le chevauche (comment dit-on pour un oiseau pas cheval ?) ? Le cavalier (encore le cheval…), le méchant avec la lance, qui a épargné la petite Libelune qui a un air pas content du tout ? j'aime sa coupe de cheveux (du monsieur), très médiévale.
    "Pas aussi douce et docile qu'ils ne le pensaient !" Ça me rappelle quelqu'une? Comme le repas final avec le muet…" La dame discrète

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    1. Oui moi aussi ça me rappelle quelque chose et ça me rend toute contente ! J'aime beaucoup aussi la coiffure du Monsieur !

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  4. "
    Ta Libeluna a cette capacité de renaissance, de revenir avec une autre biographie, dans une autre époque. Il faudra s'habituer à ses métamorphoses, à sa pluralité de vies. Le récit ouvre à possibilités, une mère à rencontrer, des chapiteaux à creuser ..." Sari

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  5. "Contraste entre les pattes , un peu inquiétantes tout de même, mais fermement plantées dans le monde, de l'oiseau porteur et son doux visage au long regard langoureux qui se tourne tendrement vers le cavalier, ou est-ce une cavalière? Et le fantôme bleu, son double féminin? Son ombre retrouvée? Mary-Ann"

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  6. Je trouve les histoires qui accompagnent vos broderies très poétiques et je suis en attente de la suite de Libelune!!

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    1. Un grand merci pour vos encouragements, certainement il y aura une suite, même si je suis quelque peu...buissonnière !

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