D'où vient Libelune
En ce temps là, à
l'époque de ce qu'on a appelé le bas Moyen Age, le Moyen Age tout
noir ! Il y avait des bandes affamées, destructrices et même les
châteaux forts - je me souviens du beau château-fort acheté à mon
fils probablement parce que j'avais toujours rêvé en posséder un !
- n'étaient pas à l'abri. Ils fondirent un matin alors que tous
dormaient, les gardes n'auraient pas dû mais voilà ils dormaient,
ils avaient un peu trop bu la veille, on fêtait la naissance de la
petite Libelune ! Sa mère qui n'exigeait jamais rien avait voulu
qu'on l'appelle comme ça, parce qu'elle était née alors que si
mince et si frêle croissant de lune apparaissait dans le ciel ! Elle
était dehors, regardait, pleura non pas parce que les douleurs
commençaient mais parce qu'elle entendit les chevaux, les a-t-elle
vraiment entendus ? Peut-être pas, mais elle avait des visions
disait-on. Elle rentra, ses femmes arrivèrent, elle dit : "l'enfant
s'appellera Libelune", personne ne discuta ! Pas même son
Seigneur et Époux, il est vrai qu'il fut sans doute un peu déçu
mais n'en laissa rien paraître ! C'était le premier, le second
serait sans doute un garçon : "Nous l'appellerons Libelune
Mamie si c'est ce que vous souhaitez". Après tout elle lui
avait amené bien des terres". Elle sourit et remercia
gracieusement, s'ils avaient eu plus de temps, il se serait aperçu
qu'elle n'était pas aussi douce et docile qu'il ne le pensait ! Mais
leurs heures étaient comptées, seulement ils l'ignoraient,
bienheureuse ignorance ! Les hommes étaient si ivres que beaucoup
moururent sans bien se rendre compte et les femmes si fatiguées, la jeune
mère le vit, elle prit l'enfant et le lui tendit, il le prit puis
reprenant ses esprits d'un coup de lance bien ajusté...Mais il fit
grâce à l'enfant.
Libelune fut nourrie
par une servante, elle n'était guère plus qu'un animal pour eux.
Quand on lui demanda comment il fallait l'appeler il répondit :
"elle a dit : Libelune". Elle s'éleva seule, jouait peu
avec les enfants et fuyait femmes et hommes. La nuit, elle se
glissait dehors, ils vivaient entassés dans de vastes tentes, et
elle regardait la lune, elle savait que sa mère y était et qu'un
jour elle la rejoindrait. Elle mangeait peu,
buvait peu mais avait grand appétit de vie ! elle n'était guère plus qu'un animal pour eux. Lorsqu'un des guerriers
s'aperçut que c'était une fille et bien jolie, il la coucha sur
l'herbe, elle se débattit, courut vers le chef et le
montrant du doigt, demanda vengeance. Ce fut accordé. Plus personne
ne l'approcha, mais d'autres vinrent et les tuèrent : tous sauf les
femmes qu'ils emmenèrent, ! Le soir elle se sauva, insignifiante,
personne ne fit attention, elle vécut dans la forêt puis se
retrouva à proximité de cette cathédrale en construction, elle
aima les sculptures, immédiatement, pour se nourrir, elle fit la
cuisine et lorsqu'un tailleur s'approcha de trop près elle retroussa
les lèvres, il eut peur : "on aurait dit une louve". Elle
tenait de sa mère !
Un jour arriva le
muet, on disait qu'il était muet parce qu'il ne parlait pas. Mais
après tout peut-être que simplement il ne voulait pas parler. Il
taillait merveilleusement bien, il aimait trouver des endroits
presque secrets. Lui aussi vivait à l'écart et ne se mêlait pas
aux autres qui pourtant ne lui en voulaient plus et on ne savait pas
pourquoi. Un jour, il frappa, elle ouvrit, il tendit sur la main une
petite statuette, et c'était elle, et elle tenait la lune du bout
des doigts, ou bien la lune était posée sur sa main comme un
papillon pouvait le faire. Elle sourit, et ouvrit la porte plus
grandement. Elle avait fait un feu, et y avait mis des pommes à
cuire sous la cendre, elle ajouta une assiette et un bol, il y avait
déjà le pichet d'eau. Il s'assit et mangèrent en silence. Elle
débarrassa, il ne l'aida pas, il la regardait. Sourit et dessina un oiseau avec le garçon. "Pour moi" ? de ses lèvres
serrées jaillit un oui ! Elle alla vers le coffre, choisit un tissu,
et refit le dessin, il sourit, se leva, alla vers la porte, se
retourna, fit un geste de la main, ouvrit et referma. Elle attendit
un moment, sortit : le mince croissante de lune brillait, elle songea
à sa mère, chuchota ou entendit chuchoter : Libelune.
Elle ne pouvait pas
dormir, elle alluma une chandelle, se tint tout près et commença à
broder.
"L’histoire de Libélune ne se poursuit pas : elle commence….. un peu dramatiquement pour mon goût mais il convient de savoir vraiment d’où elle vient, c’est plus logique ! J’attends la suite, mais je me suis demandé si la broderie avait un rapport avec le récit, c’est peut-être la broderie faite par Libélune ? Je trouve de la tendresse dans le geste du personnage central et le regard vers lui de l’animal qu’il caresse, j’y vois un échange touchant." Liliane
RépondreSupprimerLibélune a commencé à broder depuis les 3 dernières broderies, mais tout d'un coup j'ai en envie de dire d'où elle venait !
RépondreSupprimer"Suis allée voir ton blog, curieuse.Tu es très inspirée !!!
RépondreSupprimerTrès joli oiseau à 3 pattes, j'adore sa… robe. Mais qui le chevauche (comment dit-on pour un oiseau pas cheval ?) ? Le cavalier (encore le cheval…), le méchant avec la lance, qui a épargné la petite Libelune qui a un air pas content du tout ? j'aime sa coupe de cheveux (du monsieur), très médiévale.
"Pas aussi douce et docile qu'ils ne le pensaient !" Ça me rappelle quelqu'une? Comme le repas final avec le muet…" La dame discrète
Oui moi aussi ça me rappelle quelque chose et ça me rend toute contente ! J'aime beaucoup aussi la coiffure du Monsieur !
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RépondreSupprimerTa Libeluna a cette capacité de renaissance, de revenir avec une autre biographie, dans une autre époque. Il faudra s'habituer à ses métamorphoses, à sa pluralité de vies. Le récit ouvre à possibilités, une mère à rencontrer, des chapiteaux à creuser ..." Sari
C'est tout à fait ça !
Supprimer"Contraste entre les pattes , un peu inquiétantes tout de même, mais fermement plantées dans le monde, de l'oiseau porteur et son doux visage au long regard langoureux qui se tourne tendrement vers le cavalier, ou est-ce une cavalière? Et le fantôme bleu, son double féminin? Son ombre retrouvée? Mary-Ann"
RépondreSupprimerpeut-être bien l'ombre retrouvée !
SupprimerJe trouve les histoires qui accompagnent vos broderies très poétiques et je suis en attente de la suite de Libelune!!
RépondreSupprimerUn grand merci pour vos encouragements, certainement il y aura une suite, même si je suis quelque peu...buissonnière !
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