lundi 16 septembre 2013

Sayonara 16

Tout à coup, Madame Satô se sentit lasse et...perdue. Il n'y avait plus personne : Lilas était partie en sautillant à la suite de sa mère, Adrienne et chat roux disparus ! Les reverrait-elle ?
Peut-être avait-elle rêvé tout cela après tout elle était vieille. Elle devrait rentrer, la rue était en pente, ce serait moins fatiguant mais avant elle aurait voulu s'asseoir dans le square tout près ou à une terrasse de café :  avec son kimono elle aurait l'air ridicule ! Il serait peut-être temps...Que lui arrivait-il, la fatigue ? Un petit moment de dépression.
Peut-être un peu perdue parce que sortie de ses habitudes : le thé avec Marie, une visite de temps à autre de Monsieur Sakô et...la télévision ! Pour Noël, elle se souvenait : c'était un an après la mort de Monsieur Satô, Monsieur Sakô était arrivé tout sourire, un livreur le suivait.
Il lui avait proposé de passer la veille de Noël ensemble, elle avait préparé un repas avec des plats du Japon qu'il aimait et dressé une jolie table. Elle s'attendait bien à un cadeau mais pas aussi important ! Elle s'était inclinée, avait remercié. Il semblait heureux de la voir si contente car elle l'était. Après le petit repas, il lui avait expliqué comment cela fonctionnait, la télécommande - "pas besoin de bouger de votre fauteuil" - ils avaient regardé des vieux films muets, Charlot, elle avait tant ri qu'elle avait dû plusieurs fois mettre sa main devant la bouche !
Et maintenant, quand elle achetait son magazine, elle choisissait presque avec gourmandise les programmes qui lui plairaient.
Oui mais il ne fallait pas regretter ce moment un peu différent, elle entra dans la boutique, elle pourrait acheter un petit souvenir. Elle fit lentement le tour des livres, des bijoux, des kits de broderie, elle se pencha pour regarder de plus près la photo de la couverture d'un livre, sa vue se brouilla légèrement, elle se redressa et c'est alors...qu'elle le vit.
Son grand-père ce n'était pas possible, si ! Exactement dans la position qu'il avait lorsqu'il ramenait un objet lourd, seul son visage semblait modifé,  comme celui, elle chercha dans ses souvenirs, se rappela ce film vu il y avait longtemps avec son époux : il ne voulait pas de télévision mais ils allaient parfois au cinéma. Oui La belle et la bête, elle se souvenait  combien elle avait été déçue lorsque le lion était redevenu homme, elle le trouvait si beau en lion. Bien sûr cela devait paraît ridicule !
Son grand-père, un passé si lointain, elle se souvenait de la dernière conversation avec Marie qui lui avait promis de l'aider, l'avait rassurée : c'était possible. Elle ferma les yeux : oui elle se fatiguait plus vite, si elle voulait honorer sa promesse elle ne pouvait plus reculer.

4 commentaires:

  1. "la broderie, très belle : j'aime la dame et sa monture (un lama ?). Sa queue en blanc, ou une bête fantastique qui crache pour la faire avancer ?
    J'ai pensé à la vierge marie en route pour Béthléem, mais son ventre est plat. Joseph porte les couches dans sa hotte de Noël ? Je crois que je m'égare…
    En tous cas, c'est très beau." La dame discrète

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. j'aime l'idée de Joseph portant les couches dans sa hotte de Noël, en réalité réminiscence du grand-père de Madame Sako !

      Supprimer
  2. cette broderie est magnifique, vraiment

    RépondreSupprimer