mardi 24 septembre 2013

Sayonara 18

Réfléchir ! C'était tout réfléchi, elle en avait parlé  avec Marie qui il est vrai ne savait pas tout et avec Monsieur Sakô.
Elle se souvenait, c'était un jour merveilleux, il l'avait amenée voir les roses à Bagatelle : un enchantement. Pour le remercier, elle lui avait confectionné tous les plats de là-bas qu'il aimait tout particulièrement. "Mon épouse, Madame Sakô, a oublié la cuisine japonaise", Madame Satô hochait la tête. "Elle est...très indépendante...aime les voyages".
Oui pensait Madame Satô, et c'est ainsi que j'ai le plaisir de voir Monsieur Sakô, elle n'était pas certaine que Madame Sakô ait été au courant de cette amitié un peu particulière. Madame Satô rougit : bien entendu, innocente mais il lui semblait qu'ils se comprenaient.
Ce jour là - le jour des roses - elle lui annonça que bientôt elle repartirait au Japon avec les cendres :
- J'ai promis à Monsieur Sakô !
- C'est un long voyage, fatiguant.
- Mais vous m'avez dit puisque vous avez la bonté de vous occuper des mes affaires que j'étais ...à l'aise.
- Oui bien sûr et je ferai tout pour que le voyage se passe le mieux possible, on peut maintenant voyager et dormir dans un vrai lit. Arrivée à Tokyo, vous serez certainement dépaysée, je veillerai à ce qu'un de nos employés, je connais un homme jeune, très sympathique, vienne vous chercher et vous accompagne dans toutes vos démarches.
Madame Satô sourit : elle savait qu'elle ne reviendrait pas. Il était convenu que enfin lorsque tout serait fini pour elle, l'appartement reviendrait à Marie ainsi que l'ameublement, Marie l'aimait, elle le savait. Marie et son studio de 25m2 ! Marie qui vivait de peu - il y aurait aussi une rente - mais jamais elle ne lui en parlerait, elle était trop fière.
Toutefois elle désirait offrir un cadeau à Monsieur Sakô, comprendrait-il ? Oui, elle en était certaine. Voyons où se trouvait la boîte ? Dans le placard où il y avait ses plus chers souvenirs, elle ouvrit : la boîte était là, elle la prit, et la mit sur la table, son coeur battait fort ! Lorsqu'elle avait reçu le paquet, elle était seul, Monsieur Satô vivait encore mais elle ne lui avait rien dit. Elle ne pouvait pas ! Cela venait du village de ses grands-parents, son grand-père était mort, Monsieur Satô lui avait appris avec beaucoup de ménagement : oui elle avait ressenti un pincement au coeur, s'était souvenue de la légère caresse sur la joue. Et cette fois-ci, une femme lui écrivait : elle était une amie de sa grand-mère, laquelle lui avait fait promettre qu'à sa mort qui fut douce - elle était si lasse, elle s'est endormie - qu'elle lui enverrait ce paquet, elle ne savait pas ce qu'il qu'il contenait. Sa grand-mère était une femme avare de confidence même avec elle qui la connaissait depuis l'enfance. Elle espérait qu'elle recevrait le paquet, voulait-elle bien le lui faire savoir ! Bien entendu Madame Satô avait remercié sans parler du contenu du paquet mais en envoyant une très jolie boule de neige  avec Tour Effel.
Lorsqu'elle avait ouvert la boîte, il y avait une poupée, les poupées que l'on offre aux petites filles là-bas, et  un photo : une jeune femme qui riait, un bébé dans les bras. Une jeune femme qui, oui, lui ressemblait lorsqu'elle était jeune.
Lorsqu'elle eut tout à fait confiance en monsieur Sakô, elle lui montrai la poupée et la photo. Il promit de faire des recherches.
Un jour il arriva très grave, il s'excusait mais cela avait pris du temps, il n'était pas facile de faire parler les gens, surtout dans ce village si reculé ! "Et bien il n'y a jamais eu de père, votre mère n'a jamais voulu dire à votre grand-mère...Malgré la honte que cela représentait pour vos grands-parents - il faut bien savoir qu'on était à une autre époque - ils ne l'ont pas chassée. Elle a accouché chez eux, mais un jour, vous n'étiez encore qu'une très petite enfant, elle est partie.
Il baissa la tête : "je suis désolé mais je n'ai pas pu la retrouver...cette poupée pour les paysans pauvres qu'étaient vos grands-parents avait dû représenter beaucoup d'argent. Ils avaient essayé de gâter votre mère...Ils n'ont pas eu de chance mais qui sommes nous pour juger".
Madame Satô avait hoché la tête, regardé la poupée, la photo et puis l'avait enfermée dans ce placard.
Elle ne savait pas pourquoi mais cette poupée la représentait un peu, Monsieur Sakô comprendrait.

4 commentaires:

  1. Quelle magnifique poupée ! J'adore les petits lapins sur le kimono.... et le visage si serein. Je ne sais pas ce que Monsieur Sakô comprendra mais.... à bientôt la suite, Liliane

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    1. ma passion pour les lapins ! et j'ai adoré cette poupée ! Monsieur Sakô sera sans doute ému...discrètement en vrai Japonais !

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  2. oui, une très belle poupée contemplative, toute en équilibre, un p'tit lapin d'un côté, un p'tit lapin de l'autre côté, une fleur rouge par ici, une autre fleur rouge par là
    Mary-Ann

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    1. contemplative, oui ! je l'aime décidément bien et j'imagine l'histoire de la mère de Madame Satô, qu'a-t-il pu lui arriver ?

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