lundi 9 septembre 2013

Soyonara 13

La petite Lilas qui avait été si sage jusqu'à maintenant lâcha la main de sa mère, et grimpa les marches quatre à quatre, enfin...pas tout à fait ! Elle était encore petite mais ça n'est pas pour rien que son père l'appelait : Vif argent ! Sa mère voulut l'appeler puis secoua la tête : ça ne servirait à rien : lorsque Lilas lui faussait compagnie, il ne servait à rien d'essayer de la ramener à la raison. C'était une petite fille plutôt raisonnable mais elle avait ses moments de foucades ! Il ne lui était jamais rien arrivé. Dans la salle des tapisseries, elle ferait attention, elle aimait les belles choses. Certainement elle avait senti qu'il y avait là-bas quelque chose d'important pour elle, c'était à respecter.
Lilas avait une mère compréhensive, lorsqu'elle arriverait dans la salle elle ne s'occuperait pas d'elle, d'ailleurs il lui semblait que là-bas, elle aussi avait un rendez-vous même si elle ne savait pas bien lequel, ce matin en habillant Lilas, et en lui disant : nous allons aller voir de belles tapisseries, elle avait agi sous une impulsion.
Lilas entra effectivement silencieusement dans la salle et resta bouche bée. Madame Satô, un peu lasse envisageait de s'asseoir pour contempler tout à loisir cette ravissante tapisserie différente de celles de son pays. Justement. C'est alors qu'elle huma un parfum de lilas, elle avait ce don depuis tout enfant : si quelque portait un nom de fleurs, elle sentait l'arôme avant même de voir la personne. Elle vit Lilas, bouche ouverte, regardant -oui certainement toi aussi tu dois regarder les lapins mais aussi la licorne bien sûr - mais il y avait autre chose : l'enfant courut à pas léger, se pencha, murmura : "Tu es là, je savais que tu n'étais pas perdu pour toujours", madame Satô ne voyait pas chat roux (c'était certainement chat roux) mais entendait le ronronnement, elle regarda dans la direction d'Adrienne, étrange ! elle semblait s'estomper. Non bien sûr elle aussi reviendrait.
La maman de Lilas entra : "Maman chat roux  est revenu et il rit, tu sais comme le chat d'Alice". La maman sourit sans répondre, elle était habituée aux fantaisies de sa fille, il est vrai que "chat roux" avait disparu et que l'enfant en avait eu beaucoup de peine. Elle regarde la vieille dame japonaise, charmante, toute  petite, elle lui sourit, Madame Satô s'inclina. Il était si rare de se retrouver dans cette salle quasi déserte, quel plaisir.
Elle regarda la licorne, il n'y avait plus d'enclos, c'était comment dire, qu'est-ce que cela lui rappelait, un souvenir de petite fille, il y avait déjà longtemps même si la mère de Lilas n'était pas bien vieille, elle disait à son institutrice : "je voudrais que la petite chèvre saute l'enclos", sa maîtresse avait répondu...mais qu'avait-elle bien répondu, elle voulait se souvenir, son coeur battait...

8 commentaires:

  1. "Merci pour la broderie buissonnière : j'ai vu que la romancière accompagnait la brodeuse.
    Tu devrais écrire et broder des contes pour enfants ou grands enfants." M.

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    1. Oui, merci, ça me fait de plus en plus envie !

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    2. Oui! et je pourrais les lire à l'autre p'tite Lilas que tu commences à connaître, je suis sûre qu'elle adorerait!
      J'ai parcouru d'un seul coup les derniers bouts d'histoire, ai d'abord aperçu ce drôle de regard lunetteux sans visage autour, puis ai vu apparaitre Lilas, avec ses boucles d'oreilles, dans la broderie, et dans la narration,
      tout au-dessus, chat roux qui ricane, ou sourit-il aux anges?

      J'aime toujours autant les petits détails comme celui-ci: le croissant: aux amandes! Je reconnais bien la gourmande!
      Madame Sato qui préfère se balader avec un parapluie plutôt qu'avec une canne, mais qui ne souffre pas de rhumatismes
      J'adore l'humour surréaliste: chat roux entrant incognito dans le musée; ou poétique: l'arôme de Lilas qui précède sa petite personne, Adrienne invisible puis visible, étrangeté du fantôme qui accomplit des choses si ordinaires.

      La pomme flottant entre les deux, plus grosse que les deux ensemble, et, dans Sayonara 13, la blancheur flottante de la licorne (et la queue, moi aussi...). Harmonieusement disposées, de part et d'autre, la jolie libellule planante et la poupée ravissante
      et je jubile de constater que tu ne manques pas une occasion, enfin tes personnages, pour intercaler de petites leçons de liberté: chat roux comme la chèvre. J'ai bien rigolé d'enfin connaître les vraies raisons de Mr Seguin!

      La p'tite pingouine

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    3. Un vrai bonheur p'tite pingouine que de lire ton commentaire, cette manière de lire aigüe, ce sens de l'observation qui t'a d'ailleurs permis (je ne sais plus si c'est pour Lilas ou l'autre petite) avant tout le monde de comprendre, et de les aider grandement.
      Allez on va dédier Madame Satô 13 bien sûr à la petite Lilas, et toutes les petites Lilas qui ont bien besoin d'être sauvées et le sont quand il y a...les bonnes personnes, juste présentes au bons moments !

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  2. "Je reste attentive à ton récit, de voir comment se tisse la brodeuse écriture, si les fantaisies s'incarnent ou s'évaporent. Je m'intéresse plus à ton aventure d'écrire qu'à l'aventure que tu racontes." Sari

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  3. "Lu Sayonara 13 (un vendredi 23) : "quelle imagination, toujours.
    Vu juste une petite faute* (mais j'en ai peut-être laissé passer ?, prise par l'histoire. Je ne sais pas si je t'ai dit, la licorne est très très jolie. J'adore (Dieu seul tu adoreras…) sa queue. Elle (pas la queue, encore que…) est très expressive."

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    1. Très fière, la dame discrète, que puisses laisser passer des fautes ! Oui moi aussi j'adore, euh ! j'aime beaucoup sa queue !

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